Dans les structures où j’interviens en art-thérapie, les personnes atteintes de lamaladie d’Alzheimer s’expriment en ateliers par tous les moyens proposés  : ellesrespirent, chantent, bougent, pleurent, remercient, râlent, rient. A l’écoute de poésies,de musiques, dans la pratique de chansons variées, je les invite à lâcher lesressentis, à ne rien retenir, à oser être à cet instant telles qu’elles se sentent,joyeuses, détendues, perplexes, mélancoliques, abattues, angoissées. L’un de cespatients, devenu aphasique précocement, très sportif, s’exprime d’une façonparticulièrement impressionnante par le corps. Il saute, ouvre large les bras, moulinedes coudes, se roule en boule, se déplie comme une étoile de mer, s’étale au sol, rit,se retourne et fait des pompes, claque des doigts avec ferveur, enlace son voisin,tape des pieds, croise les jambes, plonge sous sa chaise. Son expressivité est quasiburlesque, mais consciente, décidée, et jamais excessive pour autant.