[ Rediffusion ] Au centre d’Accueil Alzheimer et dans l’un des Ehpad du CCAS où j’ai la chance
d’intervenir en art-thérapie, la direction a fait installer au beau milieu du jardin un
poulailler thérapeutique. 4 poulettes, rousse, basanée, blanche et bigarrée, toutes
baptisées de prénoms en -ette, des prénoms chouettes comme Paulette et Marinette,
se baladent librement d’une herbe à l’autre, picorant et caquetant joyeusement, tout
en pondant quotidiennement quelques bons œufs crémeux qui font des omelettes de
premier choix. Je la trouve belle cette idée de faire venir la vie, la ferme, à proximité
de résidents âgés et dépendants qui n’ont plus la liberté de partir en wk. Quand on
croise un poulailler dans la campagne, on ne pense pas naturellement, en observant
le coq et la bande de poules, que cette basse-cour pourrait avoir un rôle et un effet
thérapeutique. Et pourtant ! L’installation de cette cage à poules dans un lieu de soin
dans un objectif explicitement thérapeutique apporte clairement bienfaisance et
énergie positive ! Car on le sait, le lien aux animaux est source à la fois de vitalité et
d’apaisement : 4 poulettes qui mènent leur vie sous votre nez constituent un centre
d’intérêt et d’observation qui canalise les sens, qui stimule la curiosité et le
questionnement. Les animaux apportent un supplément de vie, de couleurs, de
mouvements, une simplicité radicale…Les résidents qui observent Paulette Marinette
et les 2 autres copines mener leur vie de picorette, les comparent, s’en amusent, se
prennent d’affection pour l’une ou l’autre, se laissent embarquer dans des souvenirs,
se rappellent peut-être avec émotions à quel point elles ont été mères poules ! La
présence de ces 4 poulettes active la surprise, l’amusement, la perplexité, l’humour,
la joie, le plaisir, et même le rire. La capacité à rêver, à rêver de tout, y compris de la
poule aux œufs d’or, est réactivée. Quand je vois des patients s’apaiser au contact
de 4 poules innocentes, je suis heureuse jusqu’à en avoir la chair de poule. A
l’Ehpad, on se couche comme les poules mais grâce à elles, on a droit à la thérapie
douce jusqu’au bout !