L’autre jour quelqu’un me disait «  j’ai pris un coup de vieux  ». Quelle étrangeexpression  ! Prendre un coup de vieux. Prendre sur le coin du crâne ou du pif, pafsans prévenir, un coup de marmite ou de matraque à tronche d’ancêtre  ? D’ailleursc’est incroyable la multitude d’expressions françaises à base de verbe «  prendre  »  !C’est époustouflant, de constater ce besoin que nous avons nous humanoïdes detous temps, de prendre à tout-va, de saisir, d’attraper, d’amener à nous, de fairenôtre, dans un mouvement de l’extérieur vers l’intérieur. C’est fou ce besoin naturelde se remplir, de s’ajouter quelque chose et de posséder. On prend naissance, etc’est le début de l’aventure, on prend le large, l’air, la poudre d’escampette ou sesjambes à son cou pour fuir et assouvir notre soif de liberté, on prend appui, on prendparti, on prend le relais, son tour et puis le 1/4 au gouvernail parce qu’on est uneéquipe en ce bas monde et qu’on navigue ensemble…On prend un coup de soleil,on prend feu, on prend froid, on passe du rouge au bleu, même quand on prend lamouche, on prend chair ou chair et ça nous coûte au corps ou bien au portefeuille,on prend l’eau ou la porte, et même parfois une veste, ça marche pas comme onveut…En atelier d’art-thérapie, on prend aussi, on prend encore, le nec plus ultra dece qu’il reste à prendre  : on prend soin de soi pour ne pas se prendre pour quelqu’und’autre, mais se prendre pour soi, se prendre comme on est, avec amour etétonnement, se prendre dans les bras, s’offrir de l’espace pour le prendre tout entier,et prendre son essor…