Un peintre de la réalité essaie vainement de peindre la pomme telle qu’elle est mais elle ne se laisse pas faire la pomme ». C’est ce qu’on peut lire dans les premiers vers de la « Promenade de Picasso » de Jacques Prévert dans « Paroles » en 1946. L’image de la pomme perçue est d’emblée plurielle, l’apparence de la pomme est multiple : « et la voilà qui tourne dans son assiette réelle sournoisement doucement sur elle-même sans bouger ». C’est dire qu’en même temps les images perçues se mêlent aux images imaginées, embrouillées dans une foule de métaphores, d’analogies culturelles : « Et la pomme en tournant évoque le pommier, le paradis terrestre et Eve et puis Adam…les Hespérides la Normandie la Reinette et l’Api le serment du Jeu de Paume et le serment du Jus de pomme […] et la Suisse avec Guillaume Tell et même Isaac Newton plusieurs fois primé à l’Exposition de la Gravitation Universelle