Mais quelle est donc cette confrérie informelle fondée sur des liens qui se constituent spontanément ? Quelle est cette communauté faite de rencontres aléatoires souvent brèves et de séparations dont naissent d’autres rencontres comme par division cellulaire ? Quel est ce peuple cosmopolite, en quête de sérénité, de solitude, animé par la volonté de se sentir vivre au présent sans s’embarrasser du passé ni trop se soucier de l’avenir ? Quelle est donc cette cohorte adepte d’un geste primal et essentiel ? Qui sont-ils à s’imposer une obligation de Sisyphe ? Qui sont-ils à exprimer avec difficulté la raison profonde de leur pérégrination, n’osant peut-être pas se l’avouer ? Vous l’avez deviné il s’agit des marcheurs du Camino de Santiago. Puisque cette communauté est informelle, presque volatile et surtout très diverse, la tentation d’essayer de la caractériser resterait vaine. Alors, il est sans doute préférable d’essayer de croquer quelques-uns de ses membres éphémères et de tenter une galerie de portraits. C’est ce que nous propose, Gérard Lacoste dans Camino Portraits paru aux Editions Acala en 2022.