Quatre ans après le remarquable Ni juge, ni soumise, Amphore d’Or et du peuple au Fifigrot 2017 puis Magritte et César 2019 du meilleur documentaire, la paire de cinéastes belges, Jean Libon, Yves Hinant, nous propose rien moins qu’un film noir. Une prostituée bruxelloise est assassinée à son domicile. Alain, son ex-compagnon, junkie notoire, semble être le coupable idéal. Mais, le suspect ne se souvient absolument pas d’avoir tué cette femme. Une pièce à conviction va alors tout chambouler : une frite ! Comment en sont-ils arrivés là ? Le premier confinement de 2020 en est responsable en partie, les deux compères sont à la recherche d’un sujet et Jean Libon repense à une enquête qu’ils avaient menée au début des années 2000 pour Strip Tease. Initialement composées de trois épisodes de 52 minutes intitulés Le flic, le juge et l’assassin, les investigations enrichies d’images d’archives deviennent, après un formidable travail de montage, un film d’1heure40 : Poulet Frites.
Le film de Ruben Östlund, Triangle of sadness, est rebaptisé Sans filtre en français. On se demande bien pourquoi on a préféré ce titre bien fade à la traduction Triangle de tristesse plus adaptée à ce que raconte le trublion suédois dans son nouvel opus. Le Triangle de tristesse est la zone qui se trouve entre les deux yeux, c’est aussi la moue imposée aux mannequins pour incarner les marques de luxe qui ne supportent pas qu’ils sourient lors des défilés ou devant les objectifs des photographes. La scène introductive du film en est une illustration sarcastique. Segmenté en trois parties, trois actes d’une tragicomédie corrosive, le long métrage raconte le monde d’aujourd’hui, ses échelles de valeur et dresse un constat accablant sur une société où chacun reste prisonnier de sa condition !